Tout l'océan sur un riblet

À l'aube du nouveau continent : l'opéra du jour d'après

Contenus d'initiés

Ici, nous botanisons des folies.


Dossier : intro à la mythologie





Introduction au mythe fondateur
de l'univers de Tout l'océan sur un riblet

Au cœur de l’univers de Tout l’océan sur un riblet, il y a une scène troublante : un auto-héros se retrouve face à une laimargue décapitée, échouée dans les profondeurs d’un océan nordique. Ce moment marque un tournant dans l'histoire, non seulement pour le héros, mais pour toute l’esthétique de l’œuvre. La laimargue, créature à la fois fascinante et terrifiante, représente bien plus qu’un simple animal marin : elle est l’incarnation de la culture, vue comme une entité séparée de la nature, une entité qui s’effondre tout en nous offrant son âme.

L’auto-héros, pris dans un état de soumission totale, fait face à l’inévitable. La gueule ouverte de la créature, béante et sans vie, symbolise cette offrande d'une dissolution finale, une confrontation avec le néant et l’absolu. L’instant est à la fois terrifiant et hypnotique, une fusion de la fascination pour la fin et de la révélation de ce qui se cache derrière le voile de la culture.

Dans cette scène, le héros abandonne la nature comme point d’origine, rejetant tout lien avec une muse naturelle pour se plonger dans le monde de l’artifice et de la création pure. Le placenta, symbole d’une origine biologique, est littéralement et métaphoriquement décapité. C’est un geste irrévocable qui marque l’engagement total vers une esthétique où la culture se substitue à la nature, où l’art devient la seule voie.

Ce mythe fondateur est un appel à explorer les tensions entre la dissolution et la création, entre l’abandon aux forces naturelles et la construction d’un monde d’artifice. À travers la laimargue décapitée, Tout l’océan sur un riblet vous invite à plonger dans cet univers où la culture et l’art se disputent les vestiges d’une nature qui n’est plus.

*

JAWS / LES MÂCHOIRES

Que reste-t-il sans le requin blanc ?

À première vue, retirer le requin blanc de la franchise Jaws peut sembler absurde. Après tout, la menace du prédateur marin est au centre du film, moteur de la tension et catalyseur des actions des personnages. Mais dans une œuvre qui transcende le simple film d’horreur pour devenir une réflexion culturelle sur la peur collective, les dynamiques sociales, et l’écologie, l’absence du requin offre une nouvelle grille d’analyse : que reste-t-il lorsque l’on enlève la force motrice du drame ? Quels sont les échos sous-jacents que cette absence fait émerger ?

Dans un premier temps, nous pouvons imaginer un film qui, dépossédé de son monstre, devient une étude des comportements humains. Jaws sans le requin devient un tableau des angoisses existentielles d’une petite communauté confrontée à une menace invisible. Ce n’est plus la présence physique du requin qui crée l’horreur, mais plutôt la manière dont cette communauté perçoit la menace, comment elle la construit et réagit à elle. Le véritable monstre devient alors la paranoïa collective, l’incapacité de vivre avec l’incertitude. Ici, la présence du danger n’est plus nécessaire : c’est l’écho de la peur et les réactions qu’elle engendre qui prennent le devant de la scène.

D’un point de vue initiatique, revisiter Jaws sans requin blanc nous invite à questionner le rôle de la nature dans la fiction et la manière dont elle est mise en scène. Le requin symbolise une force indomptable, un retour à une peur primitive de la nature. En l’omettant, nous sommes amenés à réfléchir à la façon dont la culture traite cette peur : en créant des monstres, en projetant nos angoisses sur des créatures qui, au final, ne sont que des reflets de nos propres angoisses internes. Dans cet univers revisité, la peur du requin devient la peur du vide, de l’invisible, de ce qui ne peut être maîtrisé.

Cela entre en résonance directe avec le mythe fondateur de Tout l’océan sur un riblet, où la culture elle-même devient une créature à affronter. La laimargue décapitée symbolise cette dissolution de la nature au profit de l’artificialité. Retirer le requin blanc de Jaws pourrait signifier quelque chose de similaire : la nature n’est plus présente, elle n’est plus la menace, et ce qui reste est un monde purement humain, où la culture et ses dysfonctionnements deviennent le véritable danger.

De plus, l’absence du requin blanc oblige le spectateur à se concentrer sur les personnages et leurs relations. Les figures d’autorité (le maire, les forces de l’ordre, les experts) sont mises à l’épreuve dans un environnement où l’ennemi est invisible, où le contrôle est illusoire. Ce microcosme social reflète des tensions plus larges : la manière dont les sociétés humaines réagissent face à l’inconnu, face à ce qui les dépasse. Sans le requin, ces dynamiques deviennent le cœur de la narration, une autopsie sociale où l’on voit comment les mythes se construisent et comment les communautés se dissolvent sous la pression.

Enfin, cette relecture de Jaws nous mène vers une réflexion sur la dissolution même de la narration classique. En omettant le requin, nous brisons les conventions du film de monstres. Cette omission fait écho à l’idée d’une esthétique qui cherche à se libérer des contraintes narratives traditionnelles pour embrasser l’inconnu, l'invisible, et l'abstraction. En cela, Jaws sans requin se transforme en une œuvre contemplative, une métaphore de notre relation à la peur, à la culture, et à l’artifice.

Cette relecture est également un hommage à l’idée que la peur n’a pas besoin d’être incarnée par une créature tangible pour être ressentie. C’est dans l’anticipation, dans le regard des personnages, et dans la mise en scène que la véritable terreur émerge. De la même manière que dans Tout l’océan sur un riblet, la confrontation avec la laimargue décapitée symbolise un effondrement culturel, Jaws sans requin devient une allégorie de la dissolution des mythes, où ce qui fait peur, ce n’est pas le prédateur, mais l’absence, le vide qui reste lorsque nous n’avons plus de monstres à affronter.

*

L'objet esthétique et la dissociation des violences :
Un refuge pour l'âme créatrice

L’objet esthétique, par sa nature, est un refuge. Il nous permet de contempler la violence inhérente aux passions humaines et aux forces destructrices du monde sans que nous soyons intégralement absorbés ou consumés par elles. Il existe dans cet espace particulier où l’art et la beauté rencontrent l’intensité de la violence, mais où la forme, l’harmonie, et le symbolisme créent une distance nécessaire pour que l’expérience esthétique devienne supportable, voire sublime.

Dans l’opéra Tout l’océan sur un riblet, l’objet esthétique se présente comme un miroir des derniers âges. Comparativement à des symboles comme le riblet lui-même – cet outil des premiers âges, rustique, brut, fonctionnel – ou à Amérique insouciante, étoile primitive d’un nouveau firmament encore à définir, l’opéra est une œuvre de sublimation. Il ne nie pas la violence ou la concupiscence humaine, mais cherche à les canaliser dans un cadre où l’âme créatrice peut s’élever sans être totalement dissoute par l’objet contemplé.

Cette dissociation est essentielle. Sans elle, l’art ne serait pas un espace de réflexion et d’émotion, mais un gouffre où nos identités et nos intérêts se dilueraient entièrement dans la confrontation avec le sublime, avec la violence de la matière première. L'objet esthétique nous offre une protection relative contre cette dissolution, en permettant à notre identité de rester à la surface du contact avec ce qui est contemplé, de ne pas se perdre totalement dans cette expérience. C’est là une différence notable avec un objet purement utilitaire ou naturel qui, par sa fonction ou sa présence brute, nous confronte directement à ses violences, à sa réalité, sans médiation.

Dans cette tension, l’opéra apparaît comme un palais à volonté – un lieu qui dévore, certes, mais avec calme, beauté, et paix. C’est dans cette accessibilité que réside sa force : la proximité qu’il entretient avec la concupiscence humaine est, par nature, réfléchie et ordonnée, encadrée par la forme artistique. L’opéra propose donc un chemin vers l’acceptation des passions humaines sans se laisser submerger par elles. Il dévore, mais de façon mesurée, contrôlée, esthétique.

L’artiste, en créant cet objet esthétique, joue avec une tentation maximaliste. Il cherche à inclure le plus possible de ces forces dans l’œuvre, tout en sachant que trop en faire pourrait briser l’harmonie. Cet équilibre est aussi présent chez le spectateur, qui, par son acte de réception, co-crée l'objet. Le spectateur, même dans le rejet de l'œuvre, participe à son existence. En acceptant de faire face à l’objet esthétique, il insuffle une vie à celui-ci, à travers l’attention et la réflexion qu’il lui porte.

L'objet esthétique devient ainsi un espace de communion, où le spectateur et l'artiste s'unissent dans une danse semiotique. Le spectateur aiguise sa perception, se laissant aller à l’expérience, mais sans jamais totalement abandonner ses repères identitaires. C’est là que réside le pouvoir particulier de l’objet esthétique : il offre une expérience de transcendance sans exiger une totale annihilation de soi. La tentation maximaliste de l’artiste, tout comme celle du spectateur, n’est jamais une dissolution complète, mais une absorption partielle, suffisante pour transformer et inspirer, mais pas pour effacer.

L'opéra de Tout l’océan sur un riblet incarne précisément cette dualité. Alors qu’il aspire à représenter la fin des temps, la dissolution ultime de la culture et des mythes, il offre en même temps un cadre où cette dissolution peut être abordée en toute sécurité, à travers les formes, les chants, et la mise en scène. Cela permet une proximité avec la finitude sans être totalement consumé par elle.

Le riblet, en revanche, est un outil brut des premiers âges, et son objectif n’est pas d’épargner ou de protéger, mais de trancher, d’inscrire des lignes de force dans la matière du monde. Amérique insouciante, quant à elle, est la promesse d’un nouveau firmament, une étoile qui ne cherche pas à apaiser ou à encadrer, mais à briller avec une force primitive. L’opéra, cependant, se place entre ces extrêmes, cherchant à traduire la violence et la beauté du monde en un objet contemplatif, où la dissolution n’est jamais complète, mais toujours en suspens.

Ce Palais à volonté, lieu de dévoration mesurée et calme, est l'antithèse de la brutalité débridée. Il offre une version de l’apocalypse qui, au lieu d’annihiler, ouvre une porte vers une compréhension plus profonde de la condition humaine. Un palais où le spectateur peut se perdre tout en restant lui-même, où la beauté l’invite à aller plus loin sans le pousser dans l’abîme.


Introduction à l'univers de Tout l'océan sur un riblet

L'univers de *Tout l'océan sur un riblet* est peuplé de personnages qui sont autant de facettes d'un monde en mutation. Chaque figure incarne une idée, un archétype, ou une synecdoque d'une réalité plus vaste. Amérique insouciante, par exemple, représente la promesse et les dangers d'un nouveau monde, tandis qu'Abysse dimensionnel joue sur l'incertitude et l'émerveillement face à l'inconnu. Le contenu d'initiés s'adresse à ceux qui veulent plonger plus profondément dans les symboles, les allusions et les références qui traversent l'opéra. Cet espace est dédié aux analyses, aux discussions, et aux décryptages qui enrichissent l'expérience de l'œuvre.

Public initié et mythe fondateur
de l'univers de Tout l’océan sur un riblet

Au-delà de la simple contemplation du mythe fondateur de l’univers de Tout l’océan sur un riblet, il existe un chemin plus profond, un sentier initiatique qui invite le public à devenir partie prenante d’une cosmogonie complexe et fascinante. La rencontre de l’auto-héros avec la laimargue décapitée n’est pas simplement un instant d’effroi et de soumission, mais un seuil vers un savoir caché, réservé à ceux qui osent aller plus loin.

Dans cet univers, être un public initié signifie embrasser cette tension entre la dissolution et la renaissance, entre la perte et la création. La laimargue décapitée est à la fois le symbole de l’effondrement de la culture et l’ouverture vers un espace de création radicale, où chaque élément de la réalité peut être repensé, redessiné et réimaginé. Ce public n’est pas seulement un spectateur, mais un participant actif dans cette œuvre vivante, capable de comprendre et d’interpréter les symboles cachés derrière la surface visible.

Prenons par exemple l’acte de décapiter le placenta, un geste esthétique engageant que l’auto-héros a accompli pour rompre tout lien avec la nature comme muse. Ce geste est un passage vers un monde où l’artificialité devient la source première de création. La culture, à travers la laimargue, devient une entité qui se dissout pour mieux renaître sous des formes nouvelles, nourries par une esthétique plus profonde, plus occulte.

Pour comprendre pleinement ce geste, et ce qu’il signifie pour l’auto-héros, il faut entrer dans cette dimension érotico-occulte qui structure l’œuvre. Les beaux seins parfaits ne sont pas seulement une métaphore superficielle de la séduction ou du désir, mais une clé pour comprendre la façon dont l’univers se recrée constamment. Leurs suintements dorés, cette encre qui coule d’eux, représentent une force créatrice qui irrigue l’œuvre tout entière. À travers l’érotisme se cache une dimension spirituelle, un savoir initiatique qui ne peut être saisi qu’en dépassant les apparences.

Le public initié, en embrassant ce processus, se retrouve lui-même au cœur de ce cycle de dissolution et de création. Il accède à un niveau d’engagement qui lui permet non seulement de contempler l’œuvre, mais de contribuer à sa résonance. Cette initiation exige de transcender le niveau immédiat du sexe ou de la simple esthétique pour plonger dans un univers où chaque élément est porteur de significations multiples, où chaque symbole fait écho à une réalité occulte, cachée sous la surface.

Ainsi, Tout l’océan sur un riblet n’est pas qu’un opéra à contempler, c’est une œuvre à vivre, à incarner. En devenant un public initié, vous faites partie de ce processus de création, vous franchissez le seuil de la dissolution culturelle pour embrasser une nouvelle forme de conscience artistique. Ce voyage initiatique vous mène au-delà des apparences, vers une quête plus profonde, celle de comprendre ce que signifie vraiment l’art à une époque où les frontières entre la nature et la culture sont irrémédiablement redessinées.

Les ouvrages premiers, collection de nouvelles

Tout l'océan sur un riblet est également lié à une collection de nouvelles intitulée *Ouvrages premiers*, que tu écris en parallèle. Cette collection est destinée à devenir la source première ou le texte sacré de l'univers de l'opéra, formant une sorte d'auto-fiction où un héros est missionné pour devenir librettiste et écrire l'opéra.